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Entretien avec S. Ennabli, gérant de l’agence Alice Events qui fête cette année son 20ème anniversaire. L’occasion d’un tour d’horizon sur les faits marquants du secteur MICE de ces vingt dernières années, et sur l’évolution du métier de DMC.

MICE Magazine
Comment a évolué le marché de l’évènementiel pendant ces vingt dernières années ?

Selim Ennabli
Dans son ensemble, l’évolution du marché tunisien de l’évènementiel a visiblement été considérable. L’augmentation du nombre de prestataires spécialisés et leurs réalisations économiques en témoignent.
Cette évolution est principalement liée à l’augmentation des budgets de communication qui, elle-même, est liée à la croissance économique enregistrée dans plusieurs secteurs dont la téléphonie mobile, Internet, le secteur bancaire… L’événementiel est devenu une action de communication à part entière et, par conséquent, un véritable enjeu stratégique, non seulement pour les multinationales mais également pour les organisations non gouvernementales, les partis politiques…
Le marché de l’évènementiel doit également son évolution à l’élargissement régulier de l’éventail de son offre. Les nouvelles attentes imposées par la grande sensibilité du secteur à l’actualité ont été à l’origine d’une panoplie de nouveaux services. C’est ainsi que nous parlons désormais d’évènements virtuels et hybrides, de matériaux recyclables, d’une large gamme de services de sécurité, de solutions digitales…
L’émergence régulière de nouveaux entrants audacieux offrant des tarifs compétitifs et la créativité croissante des agences de communication ont également contribué à l’évolution du marché.
Il faut, cependant, souligner la régression du volume de l’activité dans la catégorie des incentives. Il y a vingt ans, les agences réceptives locales spécialisées traitaient des dossiers de grande envergure. Tozeur, en premier lieu, a été le théâtre de séjours inoubliables pour des milliers de groupes. Nous avons perdu en compétitivité sur ce marché face à la concurrence féroce des autres destinations.
Afin de mettre en évidence cette évolution du marché de l’évènementiel, il aurait été pertinent de s’appuyer sur des données chiffrées. Au sein du Tunisia Convention Bureau nouvellement créé, nous comptons œuvrer afin de réunir des données quantitatives sur le marché et en apprécier l’évolution avec plus de précision.

Qu’en est-il des évolutions du métier lui-même sur ces vingt dernières années ?

Il est surprenant de constater l’évolution des lignes de services offertes à un client depuis vingt ans. La proportion des services touristiques couvrait la majeure partie du budget. La rentabilité émanait de la revente, et la différenciation se mesurait à la rigueur. Face à l’augmentation des budgets et à l’évolution des besoins, les prestations touristiques ont été détrônées par un large éventail de services dont la scénographie, la location de matériel audiovisuel, la couverture médiatique, le digital…
L’influence des images est devenue une priorité pour les clients. L’impact enregistré sur les réseaux sociaux et dans les médias est désormais un baromètre qui mesure la réussite.
La prise de conscience face aux sujets environnementaux et l’adoption de la RSE par les entreprises ont également influencé le métier. Les clients exigent une attitude responsable de la part des agences qui les accompagnent.
Par ailleurs, les cahiers de charges insistent, désormais, sur l’importance de limiter l’impact écologique de l’évènement, par la réduction des impressions, l’utilisation de matériaux recyclables, la réduction des dépenses superflues liées aux déplacements… Les professionnels doivent se réinventer face aux données environnementales pour proposer des solutions adaptées.
L’évènementiel a évolué pendant les vingt dernières années, aussi bien en Tunisie que dans le monde. Etre au cœur des nouvelles tendances, tel est le nouveau défi de la profession ! Pour cela, il était primordial d’organiser le secteur par la création d’un groupement comme le Tunisia Convention Bureau. Il est nécessaire de développer de nouvelles filières de formation et d’enseignement universitaire spécialisées, et de mettre en place une infrastructure attractive dans un environnement mondial compétitif.

 


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