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En bon spécialiste des évènements d’entreprises, Haythem Dridi, Directeur général de Millesima, est un non-conformiste qui adopte souvent une approche non conventionnelle à l’égard du secteur MICE. Il le prouve en préparant, parallèlement au rebranding de son agence, une petite révolution : le lancement en 2024 d’une plateforme “collaborative et interconnectée” destinée aux professionnels. Une plateforme qui pourrait sonner le glas du modèle classique des agences MICE. Voici ses réflexions sur ce projet novateur.

MICE Magazine
En tant qu’une des principales agences MICE du marché, comment percevez-vous les opportunités et les contraintes du secteur en Tunisie, notamment dans le Sud du pays ?
Les défis ne résident pas tant dans l’expertise des professionnels ni dans le potentiel de la destination, qui demeurent considérables, mais plutôt dans des prérequis tels que la stabilité du pays sur le long terme.
Dans le Sud tunisien, le simple vol Paris-Tozeur ne suffira pas à dynamiser le MICE. Des améliorations sont nécessaires, et des investissements doivent être réalisés, notamment dans la chaîne d’intervenants impactés par la récente crise. Cependant, la demande des clients pour le Sud est palpable.

Comment comparez-vous la situation en Tunisie avec celle du Maroc, où vous êtes établi depuis 2021 ?
Le Maroc a bénéficié d’une période de stabilité propice au développement complet de son offre MICE, englobant l’aérien, l’hôtellerie, la restauration et les transports. La collaboration entre les acteurs publics et privés est notable au Maroc, illustrée par une coordination efficace lors d’événements majeurs. Cette synergie est moins fréquente en Tunisie, où nous manquons d’une coordination entre les différents acteurs.

Ce qui explique votre insistance pour une admission rapide de professions autres que les hôtels et les agences MICE au sein du TCB ?
La synergie entre les maillons de la chaîne MICE est évidente, et bénéfique pour l’expérience client. L’inclusion d’autres métiers, au-delà des agences et des hôtels, est cruciale pour une offre plus complète. La coordination entre les différents acteurs est nécessaire pour des événements réussis.

« Conflit vs coopération » semble être l’éternelle question qui se pose au secteur. Mais quid de la « guéguerre » entre hôtels et DMC, dont chacun se proclame chef de file du marché notamment pour le segment meetings et congrès ?
Le succès des agences MICE repose de plus en plus sur leur expertise en gestion de projet et leur capacité à assurer une gouvernance agile lors d’événements majeurs, plutôt que sur la compétition de prix. Dans ce contexte, la collaboration entre toutes les parties prenantes ayant un impact sur l’expérience des clients corporate devient essentielle, car elles ne se positionnent pas en concurrence directe, mais plutôt comme des partenaires complémentaires.
Par ailleurs, nous anticipons une évolution vers une collaboration plus axée sur l’innovation technologique en automatisant tous les processus de réservations.

D’où vos investissements dans les nouvelles technologies ?
Nous avons investi précocement dans les solutions technologiques, notamment avec la plateforme EVENTEK en 2006 et le V-CENTER pendant le Covid. En 2024, nous lançons une plateforme collaborative liée à notre ERP, offrant aux clients des solutions intégrées pour la réservation des meetings dans les hôtels et les restaurants, l’hébergement et les transferts. La technologie permet une expérience client plus transparente et directe.
En conclusion, le secteur évolue vers une collaboration renforcée, axée sur l’expertise et l’innovation, éloignant les intermédiaires standard au profit de solutions technologiques. Les acteurs du MICE doivent se concentrer sur leurs cœurs de métier respectifs pour rester pertinents dans ce paysage en mutation.


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